Revivez la pièce de théâtre La Cargaison jouée à Paris en novembre 2022. Elle est écrite en 2020 par Soulay Thiâ’nguel de son vrai nom Souleymane Bah, et primée prix RFI Théâtre la même année !
Notre correspondant fait voyager les lecteurs dans une rétrospective fictionnelle de son compte rendu du spectacle de samedi 19 novembre 2022 dans la salle du Théâtre Ouvert du 20ème arrondissement à Paris, comblé d’un public mixte des autochtones, de la diaspora guinéenne de France et de celles et ceux venus d’ailleurs.
Dans le sketch
Il est 19 heures 45 minutes. Le spectacle commence devant un public compact. Une voix sonore introduit le sujet de la pièce qui rappelle les manifestations de Conakry. Soudain, la lumière se projette sur le podium au forme tout carré ressemblant à de la prison. On reconnaît la chanteuse comédienne Khady Diop, ainsi que les autres, le conteur comédien Moussa Doumbouya et le comédien Yeroné koto belge d’origine béninoise dans leur attitude de personnage comique, maquillé et vêtu de pitrerie pour donner une grille de lecture visuelle aux spectateurs en jouant le malaise.
Du langage mimique à l’expression verbale, des démonstrations amusantes aux folies, de rigolotes.e L’un tombe, se lamente, s’agonise pour exprimer l’angoisse des manifestants dans des exercices d’équilibre et de souplesse. La mélodie musicale entonne de temps à autre. Pendant que l’autre se met à danser, l’un s’explique, démontre, s’exprime. Les aptitudes changent. Ils se soudent aussitôt, se disloquent par mécontentement, se fâchent, se marmonnent par moment dans un cercle carré.
Du silence surgit parfois comme le silence du public. Les tabous sont au cœur du sketch. Les danses sont bizarrerie d’esquisse. Par ailleurs, démonstration des jeunes atteints par balles, le foisonnement, la désolation se joue par la pitrerie. Chaque action et geste exprime l’expression des corps, les tenues parlent, les armes entonnent, la poussière se pulvérise. Le cercueil, la morgue et le corbillard représentant les âmes perdues sur l’axe du mal pour les uns et l’axe de la démocratie pour les autres. Sous la vigilance du maître suprême des croyances monothéistes.
Inspiration
La pièce interprète plusieurs personnages pour illustrer les luttes politiques où chaque camp cherche à dicter son influence dans un pays qui cherche encore sa vocation démocratique. « Les contestations liées à la volonté de gens, soit de rester au pouvoir, d’accéder au pouvoir, cette volonté, cet ambition, cette confiscation du pouvoir ou de l’autre côté de cette ambition d’accession au pouvoir, quoi qu’il arrive, de quelque manière que ce soit n’est pas que guinéenne, c’est partout dans le monde », défend l’artiste metteur en scène, actuel Secrétaire général du ministère de l’Information et de la Communication de la république de Guinée.
Soulay Thiâ’nguel interroge également les responsabilités sur la nécessité de l’exercice de la politique, ainsi que les leaders politiques.
« C’est comment deux adversaires sont capables de remettre en cause toute l’humanité qui peut exister en eux et aussi la façon de ne pas tenir compte de l’avis des autres, c’est ça que pose la question et qui pose le texte, se questionne le dramaturge. C’est important d’abord que ce spectacle soit vu partout où on estime que les luttes sont communes », en conjure l’actuel Secrétaire général du ministère guinéen de l’Information et de la communication.
La pièce est inspirée de la répression meurtrière des manifestations qui ont commencé le 14 octobre à Conakry et dans des villes de l’intérieur du pays par l’opposition guinéenne et les activistes du Fndc (Front national pour la défense de la constitution) contre le projet de troisième mandat d’Alpha Condé.
Ahmed Tidiane Diallo, correspondant en France pour le Quotidien National Horoya