Depuis son ouverture au mois de septembre dernier au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, le process des évènements du 28 septembre 2009 suit son cours normal. M. Abdoulaye Djibril Diallo, coordinateur de la cellule de communication dudit procès des événements douloureux du 28 septembre 2009 a, dans son passage dans l’émission ‘’HOROYA POLITIQUE’’, ce jeudi 19 janvier 2023, donné son point de vue sur l’évolution de la justice guinéenne en cette de période transitoire dont entre autres le respect de l’Etat de droit qu’a prôné, le chef de l’État, le 5 septembre 2021, tout en énumérant les avancés et exploits enregistrés au sein de la communication des médias dans ce procès avant de livrer son opinion sur la détention de Kassory et compagnie.
À l’entame de l’émission, il (coordinateur de la cellule de communication du procès 28 septembre) a d’abord placé ce procès en trois grands contextes savoir : la restauration de l’autorité de l’Etat, lutte contre l’impunité et l’éducation des populations.
‘’Si nous prenons la restauration de l’autorité de l’Etat, aujourd’hui, on sent l’existence de l’État. Si vous vous souvenez, depuis l’indépendance, on a connu l’existence de l’État que par son nom, mais aujourd’hui, il y’a l’État qui fonctionne. La simple preuve fondamentale, c’est à travers ce procès tant attendu par la population qui finalement a eu lieu. Nous sommes en train de voir des hommes et femmes, des ministres, un ancien président et des officiers de l’armée qui passent devant les tribunaux sous le regard de la communauté international. C’est salutaire dans le cadre de refondation de l’Etat de droit et l’implantation de la démocratie, mais aussi l’enracinement de la justice. Et Secondo, quand je prends la lutte contre l’impunité, il vous souviendra que les évènements qui font l’objet de ce procès remontent en 2009, il y a de cela 13 ans que 157 guinéens ont été tués des femmes violées, des hommes brutalisés, il y a eu des personnes disparues. Donc depuis cette date, notre pays a continué à gérer une situation avec beaucoup d’amertume, plaçant notre Etat comme un Etat de voyou. Parce que lorsque dans un pays, on tue des personnes en masse publiquement dans un stade, on viol des femmes et qu’il n’y a pas de justice, cela démontre qu’il y a une sorte de voyoucratie’’, a t- il expliqué
Poursuivant, M. Diallo pense qu’il ne voit pas mieux que cette bonne volonté du président de la transition de pouvoir doter notre pays des institutions fortes où la justice aura plein de pouvoir et de force pour la refondation de l’Etat de droit. Ce qu’est une preuve de l’existence d’un État dont le peuple de Guinée attendait y a longtemps.
‘’Vous savez, la restauration de la justice est un processus, c’est un apport dynamique parce que dans un pays où il y a eu le laissé aller depuis 1958, dans un pays où la loi du plus fort a toujours régné, où la loi du plus riche l’avait emporté, ce n’est pas avec une baguette magique qu’on peut changer. Mais ce qu’est important de nos jours, avec cette dynamique enclenchée par le CNRD, il y a la volonté de restaurer l’autorité de l’État à travers la justice. Et de ce point de vue, vous avez vu qu’il y a beaucoup de reformes et refontes qui s’inscrivent dans le cadre du respect de l’État de droit et nous pensons que cette dynamique va continuer surtout nous avons des hommes et femmes qui se sont engagés à s’inscrire dans cette dynamique dont le ministre de la Justice qui ne ménagera aucun effort pour que la réalité soit vue et tout le monde doit faire autant pour qu’on quitte le règne de la jungle et qu’on revienne vers le respect de la liberté individuelle et collective. Mais aussi du respect du droit et de l’État de droit dans notre pays’’, a t-il interpellé.
Dans le même sillage, M. Djibril Diallo pense que la sortie des avocats de Kassory et Cie pour avoir dénoncé une détention arbitraire de leurs clients, ils sont dans leur rôle pour prouver l’innocence de leurs clients. Dans une nation, chacun a un rôle à jouer. Selon lui, c’est ce qui fait la beauté du droit. Le procureur fait son boulot, les tribunaux font les miens en se référant sur les textes de loi sans compter le jugement de l’opinion publique, a-t-il insisté.
‘’Les avocats sont dans leur rôle. Nous sommes dans la République et chacun joue un role. Les pouvoirs sont partagés, le procureur fait son travail, les avocats font leurs travaux et que les tribunaux font aussi leurs miens. Les avocats cherchent à disculper leurs clients et à justifier le bien-fondé de leur agissement. Le parquet s’appuie sur la loi au nom de la société et veut justifier le principe pour lequel, il a trait les hommes et femmes devant la loi. Les tribunaux agissent en fonction de leur conviction. C’est cette trilogie qui fait la beauté du droit. Maintenant sur le terrain de la détention de Kassory et compagnie, il faut à mon avis interroger les textes de loi. L’importance, ce n’est pas l’avis de l’opinion qui compte, mais plutôt celle judiciaire. On doit se poser les questions suivantes : le procureur, est-ce qu’il est fondé ? Est-ce qu’il est dans la légalité en matière de détention préventive ? (…) Ce n’est pas à moi d’entier les conséquences pour dire que le parquet a tort où alors les avocats ont raison. L’importance, est-ce que tout le monde s’inscrit dans le dynamique de la compréhension de la loi et que nul ne soit au dessus de la loi, mais et que nul ne soit abusé par la loi’’, a fait comprendre M. Diallo.
Pour terminer, il s’est réjouit du comportement des médias dans ce process. Il est aussi revenu sur le mode de diffusion dont la Guinée a fait exception dans le cadre de couverture médiatique d’un procès pour la première fois en direct. Sans chercher à imiter la CPI et les autres qui font la couverture médiatique en différé, en se démarquant cette fois-ci.
Selon lui, ce label initié par la Guinée va désormais servir d’exemple aux autres nations du monde.
‘’Nous pensons que les médias sont en train de bien travailler. Quand on a été nommé à la coordination de ce procès, nous avions fait des concertations et on s’est rendu compte que c’est un procès qui allait attirer l’opinion nationale et international. Nous nous sommes inspirés de ce que font les autres en matière du procès y compris la Cour Pénale Internationale (CPI). il nous été dit que la CPI couvrait ces procès en différé. Nous, nous avions dit à la cellule de communication ici, la Guinée ne va pas continuer à copier les autres et nous avions initié ce label pour que la Guinée donne ce label en matière de couverture de process. On a ouvert le procès en toute liberté pour les médias pour qu’il ait une couverture intégrale effective sans restriction. Aujourd’hui, le constat révèle que ce procès est couvert en direct par les médias traditionnels, par les réseaux sociaux et nous y veuillons tant que le respect de la dignité, des principes directeurs qui gouvernent le procès se trouvent être de mises, on va laisser les choses continuer. Pour le moment, on se réjouit que le droit d’accès à l’information des populations soit respecté et que les médias agissent en toute liberté pour que vive une Guinée où à travers ce procès, il y a une pédagogie dans un procès pénal en public qui va permettre à l’auditoire, la population de s’informer et de s’instruire. Tout cela participe au renforcement de la citoyenneté dans la République’’, a conclu le patron de la coordination de la cellule de communication du procès 28 septembre.
Arafan Condé & Saraf Dine Condé
Photo : Lamine Sylla